jeudi 11 février 2010

Parler de sexualité, c'est s'exposer !

Parler de sexualité, c'est s'exposer. C'est se raconter. C'est questionner les autres, partager. C'est parler de cas concrets. C'est se débarrasser de tout ce clinquant métallique que sont l'égo hypertrophié et les apparences d'une posture, c'est faire tomber l'armure et devenir plus intime.

Le Figaro madame exprime très bien dans cet article (voir ici) combien l'éducation sexuelle à l'école n'a pas laissé grande trace.

Pour ma part, c'était en 4ème, dans le cours de biologie (SVT) par une quasi sexagénaire qui avait probablement assez peu vu le loup. On a vu en rétroprojection des découpes et des schémas, et on s'est bien amusé pendant une heure. On ne parlait que très peu de contraception, ni de préservatif (c'était avant le sida). Néanmoins, rien des rapports homme-femmes, rien du corps qui change, rien à propos du désir, du plaisir et des manières de les offrir et obtenir ...

Résultat des courses, des pelletées de futurs hommes qui ont fait leur éducation érotico-sexuelle dans Lui (voir ici), et pour la génération qui vient (trentenaires), avec les pornos qui se sont démocratisés depuis.

Résultat des courses, au moins la moitié de mes amantes (de mon age) ont une maîtrise de leur corps et du corps désiré très très sommaire. Quand on parle du désir et du plaisir, pour certaines, c'est un vrai désert. Et quand on aborde le sujet des fantasmes avec les quadra même devenues intimes, certaines ressentent une aggression.

Il y a là des générations complètes, de femmes qui découvrent le plaisir qu'avec un amant, de désir que quand le cocon de la culpabilité arrive à être mis de coté, et découvrent leur propre corps dans une démarche lente et laborieuse ... qui aurait pu être initialisée dès l'adolescence, dès l'école.

A quand l'éducation sexuelle en petits groupes (une formatrice qui s'implique, et une demi douzaine de filles), avec possibilité de prendre rendez vous en tête à tête pour parler en toute intimité sans pression de l'effet de groupe ?

Autour de moi, j'ai déjà vécu des filles enceintes à 15 ans, 14 ans et 13 ans et demi. Diverses origines. Diverses types de relation avec des garçons (certains de vrai cons, d'autres juste des ignorants maladroits). Mais dans tous les cas, une absence de message audible, des parents mais aussi de l'école.

J'ai vu des filles éduquées par de la non-communication devenir de vraie garces, à passer le cap de la centaine d'amant avant leurs 16 ans. Quantité plus que qualité, déséquilibre de son positionnement vis à vis des autres, fuite en avant désespérée, papillonnage, donjuanisme, dépression ... et finalement exagération volontaire de ce qui est devenu une nature.

La sexualité en s'exposant, c'est ce que je vous délivre en m'exprimant (anonymement) dans ce blog sans retenue, et que je lis dans les autres blogs de superbe facture, recensé pour les plus beaux en lien sur ce site.

7 commentaires:

  1. je me retrouve dans certains de tes constats... je fais partie de ces papillonneuses qui ont découvert leur corps, la séxualité et le désir mêlé au plaisir en écumant les jeunes hommes pendant leur adolescence (peut être pas au point d'en avoir 100... même pas le quart d'ailleurs... peut-être plus dans les... bref)

    je ne sais pas si la formation en petit comité serait la solution à vrai dire... je penche plus pour une ouverture d'esprit 'à la maison', ça aiderait drôlement plus, tu crois pas ?

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  2. @lasuccuba

    Parler de sexualité de mère à fille ou de père à fille, de mère à fils ou de père à fils ... ça me semble relever du défi.

    Je connais peu de femmes qui ont pu parler à leur mère des hommes d'avant "Papa" (voire pendant).
    Je vois mal un père parler à son fils de son désir des femmes sans abîmer son image de père.

    Quant à partager sur les préliminaires, les positions sexuelles, sur la manière de donner du plaisir, de teaser l'autre et générer du désir, de se donner et offrir, réclamer, prendre et partager du plaisir ...

    Tout ça me semble difficile avec Papa, Maman, beau papa et belle maman.

    Du haut du quarantième étage où je suis, je pense que l'anonymat joue un rôle important, et qu'on est beaucoup plus vite en confiance avec quelqu'un avec qui on ne partage que sur ce sujet (un amant anonyme, un psy), ou quelqu'un qu'on ne verra jamais (comme un correspondant sur un site de rencontre).

    C'est pour ça que je "pensais" à voix haute à un petit comité plus propice à s'ouvrir, questionner et pouvoir prendre rendez vous pour un tête à tête encore plus proche de l'intimité de la "grande soeur" ou du "grand frère".

    Ed

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  3. Papillonage, accumulation d'amants, séduction à la sauvette, pseudo-domination de sa propre sexualité... J'ai goûté à cette "mauvaise" éducation, pour découvrir plus tard que mon corps ne m'est pas si bien connu.

    Je vote pour des formations plus intimes, pour de futurs adultes plus en-jouis. Il faudrait que cela soit avec une personne qui ne soit pas un de tes enseignants afin que l'ado puisse réellement poser LES questions. Comme toi, j'ai tendance à penser qu'avec les parents, ça risque de rester évasif et ce même avec les parents les plus ouverts du monde. Tu proposes un papier au ministère ?

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  4. Certes, je me positionne en tant que grande soeur, puisque c'est bien ce que j'ai fait avec mes frères et ce dont je parlais dans mon précédent commentaire... j'espère juste pouvoir aborder, si ce n'est l'exploration en profondeur de la sexualité, au moins les bases qui leur permettront de la découvrir sereinement, avec mes trois fils...

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  5. @Chateign

    J'ai malheureusement envie de rester anonyme. En sus, je connais le fonctionnement interne des politiques dès qu'on touche des sujets intimes comme ceux ci ... Et j'ai bien peur que ça pique les yeux.

    Ed

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  6. lourd débat que tu soulèves ici
    mais j'ai bien peur que tu ais raison, le manque d'information et de dialogue entraine souvent vers le "grand n'importe quoi"
    mais je voudrais souligner que les parents ont souvent tendance à demissionner quant à l'éducation de leurs enfants et se reposent trop souvent sur l'éductaion nationale dont ce n'est pas le role
    bonne journée

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  7. Bonjour,

    Merci de ce point de vue.

    Je reste persuadé que ça reste facile de parler d'amour, d'éducation, de la "chose" sexuelle avec ses enfants (et je le fais, étant un papa très impliqué).

    Mais il me semble difficile d'aborder dans le cocon familial des sujets intimes, les chemins de traverse, les fantasmes ... sans casser des choses qui sont plus grandes (l'image du père, de la famille, les relations du couple, la confiance ...).

    L'anonymat des blogs, voire des conversations frénétiques que l'on peut avoir avec un correspondant (email, chat) anonyme ou presque ... Tout ceci a des limites ... et n'est accessible qu'à certains et à certains moments (briser l'armure, capacité à écouter l'autre, ne pas se sentir agressé, ne pas formuler des jugement, ne pas être professoral, ...).

    Il y a, à mon goût, deux formes qui ont prouvé leur succès relatifs : la relation 1 à 1 (divan du psy, coach personnel, ...), et la relation 1 à petit groupe (groupe de travail) ...

    Dans les deux cas, On laisse son armure et son ego à la porte, et on s'ouvre (on ouvre ses oreilles, on ouvre ses tripes).

    A bientôt
    Ed

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