mercredi 4 juillet 2012

J'ai offert une femme à mon amante (2)

C'est une discussion assez irréelle que j'ai menée. En effet, nous étions tous les deux assis en terrasse, au milieu des voyageurs, cette foule anonyme sans cesse renouvelée, à parler de nos expériences charnelles respectives, et ... de toi.

Elle était belle comme un coeur. N'importe qui pourrait tomber amoureux de son sourire, de sa fragilité indicible, de ses mèches que les rayons de soleil embrase ... La situation se prêtait à l'intime, car, au milieu du brouhaha, nous en étions venus à nous approcher pour pouvoir parler tranquillement sans nous dévoiler aux voisins de table, à nous approcher très près, très très près.

Mais j'avais bien en tête qu'elle était ton cadeau.

Je lui parlais donc de toi, de ce que je sais de toi. Tes chemins libertins, tes déceptions des expériences au féminin pluriel, de tes fantasmes partagés avec moi, de tes fantasmes les plus extrêmes, de ce que tu n'aimes pas chez un homme, et de ce que tu penses ne pas aimer chez une femme qui deviendrait intime avec toi. Elle fut impressionnée par tes délires fantasmatiques, par les libertés, voire les performances sexuelles ou de situations que je lui énumérais.

Le verre de vin faisait son effet progressivement, et nous parlions sans retenue.

Puis, à son tour, elle se confia à moi, naturellement. Elle avait répondu sous la forme de "pourquoi pas, l'idée me plaît beaucoup". Elle me raconta vingt années de libertinage, de voyages sur les chemins de la pluralité, de l'hétérosexualité et du saphisme, et de la consommation récente de jeunes étalons ou de belles lesbiennes pour combler ses fringales de chair.

Puis elle me questionna sur le comment. Et je lui répondais le scénario que j'avais prévu :

"Je vous imagine être son cadeau. J'ai prévu de prendre une chambre anonyme et complice, là, au Novotel juste en face. Vers midi, j'irai l'accompagner dans la chambre, et la préparer. Je la déshabillerai, dans une tenue de dentelle de son choix, et je lui banderai les yeux. C'est elle qui m'a demandé d'avoir les yeux bandés.

Puis, je viendrai vous chercher. Nous monterons ensemble vers la chambre. Une fois la porte refermée, la pénombre complice sera votre écrin. Je vous aiderai à ôter vos vêtements. Je vous prendrai enfin la main, et dans l'autre main je prendrai la sienne. Je vous mettrai en contact ... et je m’éclipserai pour laisser naître ce cadeau féminin pluriel.

L'après midi vous appartiendra. Et si vous vous plaisez, la nuit sera vôtre aussi. Je viendrai le lendemain matin, quand vous aurez toutes deux quitté le lit, pour refermer ce chapitre et rendre les clés de la chambre".

Elle était très étonnée par ce scénario. Plusieurs questionnements venaient immédiatement. En tout premier lieu, elle s'attendait à ce que je la teste, que je la goûte, que je partage un lit avec elle avant d'avancer vers cette rencontre au féminin. Je lui répondais que je voulais cette rencontre complètement désintéressée et pure, et qu'il ne m'étais pas possible de ruiner cette belle bulle saphique par des élans de mâle, des élans égoïstes de propriété, de moi d'abord, de droit de cuissage, tous déplacés en face de la pureté de ce que j'imaginais. Bien entendu, j'ai déçu par là même occasion ses attendus de trio. Même si elle me racontait que ses envies de me partager étaient probablement aussi celles de mon amante, je restais sur mes positions.

Sa seconde réaction fût sur mon retrait total et dès le début. Elle se demandait ce que j'y gagnais. Elle m'avait imaginé présent, au moins dans le fantasme du voyeur, qui se délecte par procuration, qui se fait plaisir avec ses cinq doigts. Mon objection fût la même, ce fantasme était un cadeau pour elle. Pas pour moi, pas pour nous, pour elle.

Je lui confiais que ma nature de mâle me mettait immédiatement en situation de ne pas pouvoir comprendre, ressentir, exprimer, décrire, raconter le plaisir que deux femmes peuvent éprouver ensemble. Ma position était donc naturellement de favoriser, de rendre possible, de faire naître ce plaisir féminin pluriel, sans jamais l'incliner vers du masculin singulier, ni ne trop tracer les lignes d'un scénario que je ne pourrais que réduire par ma vision bien trop extérieure.

Je lui ouvrais aussi la perspective de recevoir mon amante en cadeau, en écho à être elle même un cadeau.

Elle ne manqua pas de s'étonner de notre conversation, notre attitude et les mots utilisés étaient irréels. Et, c'était inévitable, la conversation a viré à la séduction. Elle porta la première estocade et je lui répondis assez vite que j'avais moi aussi envie ... et je laissais se dessiner des rapprochements à deux, nous deux, pour un futur plus lointain.

Le lendemain, je confirmais les détails pratiques, à l'une, à l'autre. La rencontre aurait lieu la semaine suivante. Puis, je conviais mon amante à venir choisir une lingerie spéciale pour cette promesse.

[A suivre]
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