J'ai été percuté ce week end par une question rarement abordée, la déception. Au fur et à mesure que la question trottait dans ma tête, j'ai vu que le sujet était plus vaste qu'une simple réponse binaire ou un "un peu" à la normande qui n'engage pas vraiment à se dévoiler.
Ce qu'il faut peut-être aborder en premier, c'est ce qu'est la déception. Les dictionnaires parlent tous d'un sentiment, qui est l'impression d'avoir été trompé dans son attente.
Ensuite, il faut peut être reparcourir mon propre cheminement, et avec les lumières du passé, revisiter ce que j'ai apporté consciemment ou inconsciemment comme déceptions chez mes amantes, avant de parler de mes propres déceptions.
Balayons tout d'abord les déceptions physiques. Si je peux ne pas être au goût de toutes, dame nature m'a offert ce qu'il fallait pour l'exercice de fantasmes singuliers. Je n'y suis pour rien, mon corps m'a été offert dans tout ses contours et atouts, et je ne sais m'en servir que comme je le fais.
Coté fantasmatique, j'ai longtemps cru me connaître suffisamment pour éviter de mettre en avant des perspectives contre ma nature profonde. Ainsi, je ne sais pas être un "maître dominateur", voire, ça ne m'intéresse pas. Mais je l'ai éprouvé tout contre une amante qui a sans aucun doute été déçue de l'impact trop grand qu'elle avait eu sur moi, par sa franchise, ses mots crus, ses attentes à être utilisée, à être baisée, qu'on l'humilie, lui baise la bouche et autres dilatations et pressions dans ce champ de la soumission pure et dure.
Je crois que les plus grandes déceptions qui viennent avec moi es qualité d'amant, se font au fur et à mesure du temps, lorsque les sentiments tentent de s'installer, doucement, sans crier gare. Si j'aime vivre des fantasmes singuliers, ils sont tous ou presque au pluriel, et embarquent l'entente des corps et des coeurs, voire des valeurs de vie. Mais je n'ai pas de projet de vie à offrir, ni en continu, ni en pointillés très rapprochés, à une amante tombée en amour à force de se ressembler l'un l'autre.
C'est là je crois, la majeure partie des déceptions que j'ai opposées aux amantes de ma vie. De celles qui ont cru lire dans mes douceurs et mes partages une possibilité, un projet de rupture et de construction d'une vie commune, à celles qui ont dévoilé à mesure d'une intimité grandissante, être de leur coté en rupture ou en reconstruction, et trouver là un chemin de vie rêvé.
Et de mon coté, finalement, quelles déceptions ont parsemé mes chemins fantasmatiques, singuliers ou plus classiques ? C'est une question tout aussi vaste que j'ai tenté de balayer d'un revers de la main, question qui amène quelques réflexions en miroir sur moi même, une mise en perspective complexe.
Tout d'abord, comme tout mâle, la compatibilité physique peut être source d'enthousiasmes ou de déceptions. Je dois avouer que je sais laisser du temps au temps. Même si ça a souvent été fantastique du premier coup, comme un coup de foudre physique, quelquefois, ça n'a pas été le cas, et il a fallu s'apprivoiser physiquement l'un l'autre, trouver les clefs du plaisir de l'alter, lui offrir les indices pour participer à une fusion des sens plus belle à chaque rencontre.
J'ai quand même été confronté à des corps qui étaient moins compatibles avec le mien. Mais est-ce là "être déçu" de son amante ? A priori non. On est ce que l'on est, on nait comme on nait. Je ne suis d'ailleurs pas plus à l'aise avec le corps d'une belle bimbo au ventre plat et aux pectoraux peu farouches, qu'avec une femme dont les pétales sont ceux d'une belle fleur luxuriante et voluptueuse.
J'ai donc lu dans les quelques petites incompatibilités physiques un manque d'envie peut être, un manque de mieux, de plus intime, de plus fort. D'une part ou d'autre. Souvent des deux. Est-ce une vrai déception. Non ... si ce n'est surtout la déception de ne pas trouver en chair et en sens, ce qui a été fantasmé en mots.
Le plus grand foyer de déception est sur la corde fantasmatique. C'est toujours délicieux de partager un chemin amoureux commun avec une amante, et je tends souvent vers cette fusion des sens, des vibrations, des sentiments (là, là, là, là, là, ...), Il m'a aussi été offert cependant des échanges purement fantasmatiques (ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici ...). La déception qu'il peut y avoir dans les rencontres purement fantasmatiques, est le coté asymétrique de la relation. Le fantasme, c'est quelque-chose de personnel, et de par sa nature, les fantasmes masculins sont très différents des fantasmes féminins. J'adore, épistolairement, puis charnellement, jouer sur cette corde fantasmatique, où l'un offre à l'autre la situation scénarisée, rêvée longuement, qui permet de transgresser ses codes et limites, et déclencher un plaisir immense ... Et j'aime aussi, être accompagné dans la réalisation de fantasmes qui sont les miens. Peut être que c'est dans cette asymétrie souvent incomplète (sans parler d'inachevée) que l'on pourrait loger les quelques déceptions que j'ai eues, et, pour revenir à la définition, le décalage entre l'attente (ou la promesse) et ce que la vie nous a permis de partager.
Heureusement, j'ai offert et reçu d’immenses cadeaux que la vie a bien voulu mettre sur la route, sous forme d'élans charnels, de vibrations des coeurs, de partage de parenthèses inouïes, de fantasmes (!) sublimes, et d'échos formidables qui résonnent tous en canon et individuellement en moi comme autant de petits et grands bonheurs.
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