jeudi 16 juin 2011

Le fantasme du milliardaire (Diamonds are a girl's best friend)

"Moi, mon fantasme, ce serait d'être la maîtresse d'un milliardaire ! Il me sortirait de mes problèmes financiers et me couvrirait de cadeaux, et je lui laisserait tout faire avec moi !"

C'est finalement assez impressionnant combien la relation sexe-argent, voire sexe-pouvoir est un fil rouge que tout le monde peut un jour ou l'autre toucher du doigt. Il ne s'agit pas simplement de l'élégance de l'homme qui tient la porte, apporte une rose et paie l’addition, mais d'un glissement vers une vision numéraire et non plus gratuite du sexe, ou plutôt d'un engagement parallèle, fusion des corps, fusion des portefeuilles.

Le film "proposition indécente" traitait avec brio du sujet (voir ici) avec le point de vue entrepreneur / argent facile / tycoon-looser très américain. Mais j'étais resté sur ma faim, en disant que la culture de l'argent, de la réussite, et le différentiel entre le multimilliardaire et l'entrepreneur sans un sou était un cas trop manichéen du traitement de ce sujet, et que finalement, c'était plus divertissant qu'autre chose comme film.

Quelques années plus tard, j'ai été confronté de multiples fois à ce fantasme féminin, là où j'incarnais le milliardaiiiiire (prononcer à l'américaine).

Non pas que je sois milliardaire ou tenté de l'être (même en Francs CFA), mais que je représente une poussière de ce fantasme aux yeux de certaines.

La toute première fois, j'ai payé la pension alimentaire en lieu et place d'un mari divorcé défaillant, qui entraînait dans sa gestion financière du conflit avec la mère un mode de survie intolérable pour elle même mais aussi son fils. Je ne sais pas ce qu'il ma pris, mais je me suis confronté à ce syndrome d'Atlas, à devenir (temporairement) soutien de famille ou presque, voire à jouer les nounous en gardant le petit garnement lorsque sa mère était empêchée. Confusion des sens, je n'avais aucunement envie de prendre ce rôle à temps complet, mais rapidement confronté à discussions, des ébats et des comportements de couple établi, où l'intimité s'est installée rapidement à la place que l'amant qui reste amant ne prends jamais (c'est à dire garder les enfants, apporter sa brosse à dent, avoir un placard à soi, bosser depuis le canapé toute l'après midi, participer au déménagement). Je dois avouer que je me suis un peu perdu et que cette double vie pleine et entière est ingérable à long terme.

Plus tard, bien plus tard, j'ai eu à "accompagner" dans ses fantasmes une belle femme ronde qui voulait se "payer" un gigolo, sans jamais avoir osé imaginer passer "au réel". J'ai joué un instant ce rôle de gigolo, puis investi ces quelques Euros (ma côte était bien basse sur le marché) dans ce même fantasme à l'envers. Puis se dont enchaînés des fantasmes tous plus crus les uns que les autres, dont j'assurais la logistique sur mes deniers. Cette amante superbe a un jour verbalisé qu'elle adorerait que cette situation soit éternelle : "Tu comprends, dans l'amour, j'aime pas trop quand il y a un scénario, mais si le sexe me nourrit, je veux bien offrir mon corps à un milliardaire qui en ferait tout ce qu'il veut, même me sodomiser trois fois par jour sans jamais me faire jouir, si le reste de la journée je n'ai qu'à faire shopping piscine. Je me referais faire les seins et j'aurais un coach pour maigrir comme une poupée barbie", ou : "finalement, le trio, c'est bien, mais ça serait encore mieux si ça laissait un billet de cent par amant".

Ce qui est intéressant, c'est que ma propre relation avec ces amantes particulières n'étaient pas toutes du même ordre. Pour l'une, c'est et ça restera à vie un grand amour, une autre n'a été qu'une amante de passage à user jusqu'à la corde le fantasme-défi, quant à d'autres ou mon engagement fut plus sommaire, elles ont touché en moi la corde de l'empathie, qui fait prendre un peu de recul en glissant plus de tendresse que de torpeur dans les ébats tant l'amitié de deux individus prend le pas progressivement sur une relation initialement basée sur le sexe.

14 commentaires:

  1. Nuitsdinsomnie16 juin 2011 à 19:07

    C'est amusant combien vous aimez jouer avec le feu parfois... ;-)

    Vous rendez-vous compte de l'outrage fait à la gente féminine en associant sexe et argent aussi facilement ?
    Passe encore pour les filles dont c'est le "métier" et qui ont plus ou moins le choix.
    Mais pour les autres, celles de "bonne famille" comme nous, imaginer que l'on puisse baiser pour de l'argent et aimer ça, c'est l'insulte absolue (même si ça peut être vrai mais ce n'est pas l'objet de ma phrase lol).
    J'avoue que j'attends avec intérêt les réactions des autres filles qui vont croiser ce post...

    Bon trève de généralités. Passons au cas particulier à savoir le mien.
    Je ne l'ai jamais trop eu ce syndrome là. Sans doute parce que j'ai un bon job et donc pas vraiment besoin d'argent (même si ça peut être sympa d'en avoir plus, c'est évident).
    C'est même l'inverse : j'aurais trop peur de perdre une once de ma sacro-sainte liberté.

    Là où je réside, c'est monnaie courante (si j'ose dire)les filles qui sont dépendantes financières, à un niveau plus ou moins important de revenus.
    Et devoir demander du fric pour aller le dépenser, c'est un truc que je n'arrive pas à faire.

    Le Ciel a été clément avec moi, il m'a donné les moyens de pouvoir faire autrement.

    Sinon, en toute honnêteté : si je n'avais pas le choix, je le ferais (encore faudrait-il trouver amateur riche et non radin - il parait que cela se fait de plus en plus rare sur le marché).
    Je me vendrais sans hésiter pour manger.
    Mais je n'y prendrais aucun plaisir. Au contraire. Ce ne serait pas un problème d'humiliation (on peut être humiliée de tant d'autres façon que par l'argent...) qu'un problème, une fois de plus, de libre arbitre.

    Désolée de ne pas apporter d'eau à votre moulin, non par pudibonderie (si j'avais ce fantasme, honnêtement je le dirais) mais par manque d'intérêt réel quand à cette forme de soumission.

    En revanche, il faudrait que je m'interroge sérieusement ... Et si on inversait et que je m'offrais un type que j'entretien ? Un gigolo à temps plein quoi...
    Bof à priori mais à creuser.
    Je vous tiendrais au courant. ;-))

    Nuits, so free.

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  2. J'adooooore quand les commentaires sont plus longs que les messages ...

    @Nuitsdinsomnie :
    Ce fantasme, rencontré souvent (fantasme de prostitution) et mis en oeuvre parfois, a pris différente forme. Le fait de mêler argent et sexe / amour / empathie a été une plongée vers l'intimité de l'autre.

    Et tout est devenu plus beau et plus compliqué. Plus beau car on est sur la corde de la tendresse, de ce que les mots n'ont plus besoin de verbaliser. Plus compliqué justement parce que ce fantasme, loin d'humilier, construit une relation forte et loin au delà de ce que deux corps qui s'attirent pouvaient jouir en toute innocence.

    Pour répondre enfin à vos premiers mots, je n'ai point fait d'outrage, mais plutôt des cafouillages, en tentant de rendre quelques hommages, des dommages et des "dommage !", des engrenages, des fantasmes contre gages, des déshabillages, et surtout, du libertinage, des envies sages et d'autres moins sages, mais toujours un rien sauvage au fond ...

    Ed

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  3. je crois justement que ton billet parlait d'argent et de sexe mais pas pas forcément dénigrant pour les femmes car la relation entre les deux est complexe.
    Certaines femmes ayant largement les moyens de vivre seules peuvent ressentir ce fantasme.
    Il y a de l'ordre de la possession dans cette relation . aussi de la domination. et finalement l'argent n'est alors qu'un moyen pour vivre une relation ainsi.
    je ne sais pas si je suis claire :)
    (c'est le matin ^^)

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  4. @Dita :

    En fait, je n'ai abordé le fantasme de "payer pour du sexe" en une et une seule fois que avec des femmes qui avaient les moyens (médecin, vétérinaire, infirmière libérale, rentière aussi ...).

    Ici, c'est loin d'être le cas, il s'agit d'un univers tout différent, où ce qu'on désire le plus, c'est ce qu'on n'a pas, i.e l'argent.

    Ed

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  5. Je n'ai jamais eu ce fantasme d'être entretenue mais j'avoue qu'un de mes amants aime à m'inviter toujours dans de bons restaurants que je ne serais pas capable de m'offrir moi-même. Et j'aime plutôt ça. Un, parce que je suis gourmande ; Deux, parce que j'aime cette idée d'être une partie de son luxe, qu'il sois fière que je sois à son bras.

    Il y a qq années, un amant d'un soir m'a demandé s'il pouvait me payer. Je n'ai pas accepté. ça m'a déplu.

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  6. @Alice :

    J'ai eu ce fantasme d'être entretenu, surtout quand je courrais après le moindre sou.

    Ed

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  7. @ Ed
    Oui, mais était-ce un fantasme sexuel ou un besoin financier ?

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  8. @Alice :

    Pour remettre les choses bien dans l'ordre, il s'agissait d'Eros. C'est à dire de désirer ce qu'on n'a pas.

    A ce jour, je ne suis pas dans le besoin, et je ne crois pas qu'une proposition indécente à 1 million de dollar me tenterait s'il fallait y mettre dans la balance tout le mal que cela pourrait faire à ma femme et mes filles.

    En revanche, quand je courrais après les sous (les Francs à l'époque), j'aurais volontiers posé mon séant chez qui que ce soit qui m'aurait nourri/logé/blanchi contre rétribution sexuelle de ma part. Il s'agissait donc bien d'un besoin financier (Eros), mais aussi d'un fantasme sexuel (je ne l'aurai pas fait contre autre chose, comme faire le ménage, servir de défouloir à tout sujet proche de l'humiliation, ...).

    L'occasion ne s'est pas présentée, mais j'aurai adoré, comme dans cette annonce (que je ne retrouve plus), où le désir de candaulisme s'accompagnait d'une proposition de prise en charge totale du jeune impétrant, hébergement et introduction dans le milieu libertin compris.

    Ed

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  9. Je decouvre ce blog avec delice.
    Je tiens a noter que cette relation n'est pas forcement liee a l'argent sonnant et trebuchant, mais plus generalement on rencontre souvent du "marchandage" sexuel.

    J'ai d'ailleurs ecrit la dessus pour les interesse(e)s
    http://www.gentilsalaud.com/weblog/2011/01/le-sexe-comme-monnaie/

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  10. Bonjour, comme Nuitsdinsomnie, j'ai trouvé le post assez mysogyne et machiste mais bon... après tout, c'est la blogosphère et à chacun de voir ce qu'il en fait et ce qu'il en dit. De toutes façons, bien que je trouve sympathique certains de vos commentaires ailleurs, comme je l'ai dit une fois, faire un blog pour dire comment les femmes "fantasment" quand on est un homme, ça me gêne pas mal. Je n'aime pas que les hommes parlent à la place des femmes. Mais bon, après tout, c'est la blosphère :-)

    Mais vraiment, dire que "vous n'auriez pas fait le ménage" contre de l'argent... comment pouvez-vous écrire une chose pareille? Que voulez-vous dire? Vous imaginez ce que peut ressentir une femme qui "fait le ménage" pour les autres en lisant ça sur un post qui est sensé traiter du fantasme de la prostitution?

    C'est la blosphère ok...

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  11. @Cristina :

    Merci pour votre franchise. Ma foi, ce blog est subjectif, comme tous les blogs, et ne traite pas des fantasmes des femmes, mais des fantasmes des femmes qui m'ont touchées, et qui se sont exprimées contre ma peau ou confiées au creux de mon oreille. Je comprends naturellement que vous résonniez pas à chaque message avec votre cheminement personnel.

    On voit bien d'ailleurs que les femmes qui parlent des femmes est un prisme différent qui vient avec son cortège de prises de positions qui sont autant de vues partielles non moins subjectives.

    Pour répondre à la mysoginie, c'est tellement peu moi (si vous saviez), que je ne relève pas le gant. Les mots sont autant de traitres à ma pensée.

    Je me suis en effet trompé en utilisant l'image de "faire le ménage" (ce qui est incomplet, je citais une autre image), j'aurais dû mentionner "faire le ménage comme fantasme pour me faire payer". J'ai bien entendu eu moults jobs d'étudiant tous plus rébarbatifs les uns que les autres qui me positionnaient assez proche de ce qui touche au ménage.

    Ed

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  12. Ed, si je me suis autorisée à écrire cela c'était aussi pour vous "entendre" et j'espérais que les "mots" ne voulaient pas dire ce qu'ils semblaient dire :-)

    Vous n'avez pas à relever de gant car je n'en ai point jeté! Les duels, vous le savez, n'ont jamais été une affaires de femmes :-)

    je parlais du post et non de vous, que les choses soient claires. Je ne me permettrait pas de vous juger et en plus vous ne me paraissez pas mysogine mais voilà, je pensais aussi à d'éventuelles consoeurs qu'une réponse honnête de votre part pourrait apaiser si jamais elles se sentaient blessées.

    Pour le "ménage", c'est un travail comme un autre et la plupart du temps, en outre, ce sont des femmes qui travaillent pour d'autres femmes qui elles, ne font pas leur ménage... Toute une histoire! Mais je me défie des rapprochement entre des emplois "de service" et le prostitution. Quoiqu'on en dise, la prostitution est un "métier" quand cela en est un, à part...

    Et pour les fantasmes... Il y en a de toutes sortes en effet et pas toujours politiquement corrects! J'en sais quelque chose!

    Merci pour votre réponse :-)

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  13. Ah! J'apprécie beaucoup les blogs qui ne filtrent pas les commentaires, comme ici. On peut discuter un peut plus "d'égal à égal" (sourire)

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  14. @Cristina :

    Les commentaires sont non modérés pour les messages de moins d'un mois (la discussion en cours), justement pour pouvoir avoir ce genre de discussions, notamment entre commentatrices/commentateurs, sans avoir à attendre que je sois disponible, sachant que mon intervention est très légère, car je ne modère que les pubs et insultes.

    Merci d'être la première à le noter.

    Ed

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