
Moi qui croyais que l'image papier glacé, image fantasmée de la femme idéale, celle qui n'existe pas tellement elle est photoshoppée ... était un fantasme exclusivement masculin. Moi qui pensais que draguer en boite, où seul l'impact visuel importe, était un truc de mec ... Je suis tombé de haut lorsque j'ai eu à me frotter à ce même fantasme de l'image, version vécue par les femmes, qui idéalisent l'amant (voir ici et ici).
Et le lieu de tous ces fantasmes, c'est internet.
Au début, il n'y avait que les petites annonces. Rubrique rencontre ou revue spécialisée. Puis arriva le 36 15 (et les factures qui venaient avec). Et enfin, internet, les sites de rencontre, la gratuité ou presque, les photos, et la masse de contacts.
Bien avant meetic et au delà de meetic, il existe de multiples sites de rencontres sympathiques et gratuits qui permettent de croiser le fer avec le sexe opposé. Mais le premier impact réclamé est toujours un impact visuel.
Les internautes interrogés citent tout le temps la photo comme premier critère pour se faire un avis sur une personne.
Et c'est là que on commence à s'amuser, parce que photo n'est pas gage de sincérité.
Chez les femmes, on a droit à :
- L'inévitable photo devant le miroir, généralement dans la salle de bain, ou dans la cabine d'essayage ;
- Les myspace angles : La photo prise de haut et faible éclairage, ce qui rend tout le monde beau (voir ici une compil. voir ici la thèse "you looked better on myspace") ;
- Les effets spéciaux : surexposition, colorisation, filtres photoshop, contre-jours ... difficile de juger (voir ici) ;
- La photo de vacances en plan large, où on ne voit rien (à part qu'on ne passe pas ses vacances de la même manière) ;
- La photo avec la famille, les enfants, le chien, le chat, voire le gâteau sorti tout chaud du four (sûr que ça va attirer le chaland, la belle mère en photo avant de l'avoir en pension) ;
- La fausse exhubérante qui cache sa timidité derrière des photos grimacées. Or, on est tous moches en fronçant le nez (à part la fille de la pub Lierac : voir dans les vitrines de pharmacies ou ici)
- La photo de webcam, avec planche à repasser et bac à linge sale en arrière plan ;
- La photo osée, décolleté ou encore plus déshabillée ... prise par un ex ?
Chez les hommes, c'est encore plus flagrant :
- L'inévitable photo torse nu (voire plus sur certains sites libertins ... où les mâles avancent la queue dans la main tel le chevalier noir, prêt à porter l'estocade ... ouille, ça doit faire mal) ;
- La photo posée devant la Ferrari ou la moto groscube (honte de la mégane ?) ;
- Les photos de vacances (avé le bronzage et le peigne dans le maillot) ;
- La photo mal découpée, occultée par un papier blanc, même pas redimensionnée, pour faire (si mal) disparaître la concubine actuelle ;
- Et surtout ... l'absence de photo ...
Comme si le web nous ramenait tous au niveau de produits qui cherchent à se vendre au premier coup d'oeil. Et c'est là qu'est l'os. Autant, en boite de nuit, le premier coup d'oeil peut suffire (quand l'autre a un coup dans le nez), autant sur le web, il y a plusieurs étapes majeures avant d'arriver au rapprochement charnel, et à chaque moment, tout peut refroidir à jamais :
- Le premier message, puis le premier échange ;
- Le filtre de l'orthographe ;
- Passer du virtuel au réel (ou le filtre de la première rencontre) ...
C'est assez étonnant combien les femmes donnent une importance à la photo, et à la présence de photo. Et de manière étonnante, elles se font souvent une bonne première impression d'après cette photo (ou ces photos). En effet, au delà des vices que l'on peut y détecter (narcissisme, machisme, alcoolisme, ..), on peut aussi rapidement se faire une idée sur l'homme (motard, pubeux, vieux beau, fêtard, gros lourdaud, sportif, rappeur, jeune à cagoule, costume/cravatte, et mythomane = ceux qui mettent des photos de Clooney, Bond ou autre).
J'ai toujours eu des profils sans photo, profils rejetés par la majorité des femmes en première lecture. Heureusement pour moi, mes mots permettent d'ouvrir un jardin plus délicieux encore ... celui du désir. Meetic Affinity organisait récemment une table ronde sur ces marivaudages virtuels, ces techno-poésies (voir l'artice de libé "les filles se ramassent à la plume" ici). Les cérébraux peuvent rapidement surclasser ceux qui ne savent pas sortir des "lol", "mdr" et "rires" ... et déclenchant cette phase de désir chez la correspondante, comme un très long préliminaire. Ce désir, proche de la pulsion, est le plus fort symptôme des fantasmes des femmes sur les sites de rencontres. Si les fantasmes sur les photos sont forts, une majorité des femmes fantasment l'homme et l'amant idéal par ce qu'il écrit du bout de ses doigts, imaginant combien ils saura s'en servir aussi habilement sur son corps de femme dont l'âme est déjà ... conquise.