samedi 27 octobre 2018

Rêver de toi (émoi)

Cette nuit, je t'ai rêvée entreprenante. Je me suis rêvé à ta merci.

Ce fut une longue nuit, de celles où les rêves s'étirent en longueur, prennent corps dans la somnolence et la torpeur. Je me suis réveillé dix fois, engourdi et incapable de discerner le rêve du sommeil, impuissant dans ce corps qui par la gravité n'arrive pas à se mouvoir, comme ivre et désorienté, sans pouvoir cerner et maîtriser le lieu, le temps et la réalité dans laquelle je me réveillais. Puis je me rendormais, pour replonger en m'enfonçant plus profond encore dans ces exubérantes divagations, le mirage vaporeux et suintant à la fois.

Incapable de bouger. Je voyais bien mon corps, nu, allongé sur le lit. Les draps autours étaient froissés, désordre harmonieux, et juste à propos, puisqu'un coin de tissus couvrait adroitement mon dard. Mes mains étaient derrière ma tête. Invisibles. Je sentais le vent, doux et enveloppant qui courrait sur mon corps, et j'appréciais cet air frais.

Je t'apercevais parfois, venir avec une démarche féline, et t'approcher de moi. Dans d'autres volutes de ce rêve à tiroirs, tu me touchais déjà quand les sens venaient à moi. Et parfois aussi, je t'entendais me parler.

Le drap cédait lentement du terrain, tu découvrais mon dard dressé et gonflé de désir, fier, dessiné comme une sculpture de bronze, les veines en tension. L'auguste collerette bombée, prête à entrer en action, à envahir de sombres lieux de luxure. Mais, immobile, je subissais le tempo. Tu considérais mes atouts de ton regards chargé de sensualité. Puis, d'une main douce et ferme, t'en saisissais naturellement.

Les yeux ronds, prêts à sortir des orbites, le souffle court et le râle profond, j'accueillais tes caresses. Tantôt submergé par le plaisir, parfois offensé de ne pas avoir autorisé ces outrances, et surtout incapable de parler, bouger, intervenir par la pesanteur de ce rêve embué.

Je te voyais te réjouir de la situation, et régner sur l'occasion comme on déguste des faveurs, comme on savoure lentement pour ne rien laisser s'échapper. Tu apportais toute l'attention d'une main experte à choyer mon arme, lui faire un fourreau de ta paume, et tester ton pouvoir en colonisant chaque recoin, en domptant mes sens et mes troubles. Ta bouche venais se joindre à l'assaut, pour contraindre cette insolente raideur et engloutir son arrogance. En la mordillant, détourant, embrassant, léchant ...

Parfois, je sentais un débordement m'envahir, un bouillonnement gronder, un jaillissement me submerger ... quelquefois aussi, je voyais en toi les mêmes pertes de contrôle. Un instant immobile, ton visage fixe et embarrassé d'un débordement qui le submergerait ...

Et à chaque fois, au même instant, j'apercevais derrière toi, un sublime amant harponnant ton calice, mains sur tes hanches. Ou alors, une tête féminine se dessiner au bout de ton dos, dans l'embrasure de tes fondements, avec le sourire d'une insolente qui n'avait pas gardé sa langue dans sa bouche.

C'est à ce moment précis que les explosions des nos sens, rugissements et spasmes incontrôlés de plaisir envahissaient à l'unisson l'espace, brûlaient le silence et ramenait mon corps à la réalité de ma somnolence ... suintant de la transpiration de ce fantasme ternaire ... avant de replonger, et de le vivre encore et encore toute la nuit.

2 commentaires:

  1. bonjour Ed, très heureuse de vous retrouver vous et votre prose ... vous m'avez manqué !

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    Réponses
    1. Bonsoir,

      Désolé d'avoir loupé ce commentaire ..
      Me revoilà un peu, un petit peu ...

      Ed

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